Le silence assourdissant, seulement troublé par le bruit des pas. Il fait chaud, mais je ne peux m’empêcher de frissonner. Tout a été dévoré par les flammes. Il ne reste pas un insecte, pas une feuille. De ce désastre naît une nouvelle liberté. Il n’y a plus de chemin, plus de limite, je déambule dans une enivrante solitude. Les branches brûlées me griffent et tracent des lignes au charbon sur mes habits, mais je file entre les buissons, que verrai-je en haut de cette crête ? La mer, le vent et derrière, quelques collines noires ; le vert réapparaît, entourant les maisons de quelques chanceux, épargnées par la catastrophe. Je redescends dans la vallée, je tombe sur un ruisseau asséché qui crée comme une avenue. Alors je le suis. Les branches brûlées sont de plus en plus hautes et le chemin est de plus en plus bas. Je m’accroupis pour continuer à avancer. Les arbres calcinés se dressent comme autant de ruines monumentales. À genoux dans les cendres, dans cette prison de charbon, je me résous à l’avouer, je suis perdu.